Les ateliers enfant-parent à Histoire de Mots
Les ateliers enfant-parent à Histoire de Mots
D’après Yves Marguerite « l’apprentissage de la main et de l’intelligence » :
« Dans le cerveau, le centre du langage et le centre de la motricité de la main sont voisins (…) il y a une véritable interaction. (…) un spécialiste allemand de la psychomotricité, le Dr Ernst J. Kiphard, a même montré qu’on pouvait, en exerçant la main des bébés, leur faire gagner deux mois sur l’apprentissage du langage… ».
Beaucoup d’apports dans le domaine de la motricité libre sont avancés aujourd’hui. Il est question, entre autres, des bienfaits du « marcher pied-nu », des déplacements au sol : ramper, faire du quatre-pattes, mais aussi des déplacements permettant d’asseoir l’équilibre : sauter, grimper, descendre d’une échelle, d’un toboggan… pour un meilleur ressenti, un meilleur appui et donc un meilleur équilibre de l’enfant. Se mouvoir, tout simplement, est primordial pour permettre à l’enfant d’accéder à l’autonomie, de développer sa motricité et sa psychomotricité fine. Toute cette expression corporelle est un apport indispensable pour l’entrer dans le langage.
C’est dans cet esprit que les ateliers enfant-parent se dérouleront à Histoire de Mots, en mêlant découvertes artistiques en bilatéralité, jeux de doigts, comptines et histoires avec toute la richesse de la dynamique (grands mouvements, traces d’articulation, images pulsées, phrases en tapotis…).
Les ateliers Martenot à Histoire de Mots
Au sein des séances individuelles et/ou pendant des séances en groupe, l’approche artistique selon la démarche de Ginette Martenot pourra être proposée. Elle s’appuie sur une préparation corporelle de qualité.
Les temps essentiels à cette démarche (environ 1h30) sont :
- la relaxation
- l’imprégnation en silence et si possible en pleine nature
- l’expression verbale
- l’expression corporelle libre et spontanée (« rejeu » selon Marcel Jousse)
- l’expression artistique (ne dure que quelques minutes), met tout le corps en action avec l’utilisation des deux mains sur de grandes surfaces.
On privilégie ici une expression authentique pour permettre une vraie communication. Le travail en bilatéralité est d’une grande importance pour cela.
Les mouvements générateurs de la parole
La plus grande place est donnée aux mouvements générateurs de la parole. En étant amplifiés au corps entier, ils aident la perception, entraînent l’émission et favorisent la mémorisation. Ces mouvements doivent être ressentis, intériorisés avant d’être projetés. Madeleine Dunoyer parle « d’un bon ressenti pour un meilleur ressorti ». L’expression corporelle permet également de mieux sentir la différence entre les voyelles qui sont trajet, « colorent » les consonnes, révèlent le timbre, les hauteurs, les intensités, les durées, et les consonnes qui permettent la compréhension d’une phrase.
Les voyelles sont visualisées dans « le soleil des voyelles », elles ont été positionnées selon leur degré d’ouverture et de fermeture. Les consonnes correspondent à des mouvements distincts qui utilisent notre triple bilatéralisme. Il s’agit d’agrandir au corps entier ce qui se passe dans l’appareil phonatoire. Ces mouvements peuvent aboutir à des chorégraphies phonétiques vécues en groupe. En développant le souffle et les muscles, la voix gagne en assurance et la parole en articulation.
Le « massage » des consonnes
L’objectif est d’offrir une parole « pénétrante » dans le respect de l’autre. Ce temps demande une mise en confiance de l’enfant, un accueil de qualité. Chaque mouvement est donné dans le dos afin de ressentir au mieux les caractéristiques de chaque consonne, dans une attitude de disponibilité.
La chorégraphie phonétique
Après un temps de relaxation et de prise de conscience de notre respiration, l’enfant peut réaliser seul, avec l’adulte ou avec ses pairs, des mouvements en utilisant tout son corps, en insistant sur La visualisation du trajet de la voyelle. Ces chorégraphies sont jouées à partir de nos propres sensations ce qui permet de les personnaliser, de prendre plaisir à créer des expressions qui nous sont propres pour chacune des syllabes.
Les syllabes « pleines » jouées avec les ballons
Ici, l’enfant revit, extériorise, par l’utilisation des ballons, le mouvement spécifique de chaque consonne. Les ballons permettent un travail plus fin de l’articulation des consonnes.
Les syllabes « vides » visualisées avec les cerceaux
La couleur du cerceau permet de visualiser les voyelles. Etant trajet, lorsque la voyelle est dite l’enfant ne bouge pas, c’est seulement lorsque la consonne est prononcée que le mouvement est exprimé avec le cerceau. La consonne en situation finale est alors ressentie par l’enfant et visualisée grâce au cerceau.
Les traces d’articulation
Elles sont le petit reste des grands mouvements qui correspondent aux pulsions phonétiques de chaque phonème, et sont une aide précieuse dans le passage à la lecture. Tous les mouvements de la parole ressentis par le corps tout entier, peuvent ainsi être propulsés dans de l’eau, du sable, de la semoule ou sur une table avec de la peinture, avec les 10 doigts en bilatéralité, en y joignant toujours la parole.
Elles permettent de visualiser le trajet des voyelles et de toucher du doigt l’articulation. Ce n’est pas un code mais un petit reste du grand mouvement générateur de la parole. Il est primordial de « revivifier » ces traces d’articulation avec tout notre corps. Cela permet de réactiver le mouvement de chaque consonne au passage de nos mains sur la trace. Cette reviviscence est un moyen mnémotechnique si l’expression personnelle de chacun y est vécue pleinement. Elle se fait de haut en bas, la parole se déroulant devant nous. Ce changement de sens par rapport à la lecture et à l’écrit, aiderait selon certains praticiens, à corriger la dyslexie et la dysorthographie.
Les traces doivent être spontanées. L’essentiel est de garder le bon mouvement dans l’élan du bilatéralisme.
Ces traces sont un appui essentiel pour une bonne articulation, elles apportent aussi souplesse et dextérité des mains, l’indépendance des doigts, la préhension et la pression… bases indispensables aux prémices de l’écriture.
Les images pulsées
Ce sont des images imbibées des pulsions phonétiques. La parole devient alors créatrice et pleine de vie. Il est important de garder les couleurs réelles des objets et des personnages. Nous pulsons dans la peinture ces images en veillant à garder les pulsions phonétiques de chaque syllabe du mot et à la même vitesse que nous les prononçons.
Ces dessins très suggestifs permettent de donner sens aux mots. Ils ont quelque chose de magique car plein de vie et de couleurs…
Les phrases
Comment visualiser l’organisation des phrases ? En regroupant dans des dossiers, à gauche : des images pulsées qui donnent du sens au mot, et dessous des touches à tapoter (allant dans le sens de la lecture), à droite : des traces d’articulation.
Les touches à tapoter sont composés des mémogrammes (mémoire du nom) et des mimogrammes (mots outils). Pour les mémogrammes, il s’agit de transposer avec autant de doigts que de syllabes sonores dans le mot, toutes les couleurs qui composent l’image pulsée du mot, en-dessous de l’image. Pour le mimogrammes, ils seront placés de part et d’autre des mémogrammes, pour structurer la phrase et lui donner du sens. Dessinés et entourés d’un rond noir pour les distinguer des mémogrammes, il y a toujours autant de touches que de syllabes sonores dans le mot.
Les phrases sont alors pianotées avec tous les doigts, sur le même rythme qu’elles seront parlées et en conservant les intonations qui donnent du sens. Elles peuvent ensuite être tapotées dans le dos de l’enfant. Madeleine Dunoyer disait « Si vous déliez vos doigts, vous délierez vos langues ».
Le rythme
Il naît du mouvement et aide à la mémorisation. N’avez-vous jamais vu un enfant se balancer en apprenant sa poésie ? Bouger les pieds pour calculer ?
Dans notre vie tout est rythme, du battement de notre cœur à nos mouvements respiratoires, au journées et mois qui passent… Dès tout-petit l’enfant est porté par le rythme des comptines, le bercement… Le rythme est du domaine de la sensation et du ressenti corporel. L’instinct rythmique se développe donc aisément chez le jeune enfant.
La parole est musique puisqu’elle reprend tous les éléments de la musique qui sont les timbres, les durées, les hauteurs et les intensités.
Madeleine Dunoyer a voulu visualiser et toucher du doigt le rythme de la parole et a ainsi créer les boîtes de rythme « Zic et Zac ». A partir de jetons symbolisant les trois valeurs de la parole, chaque rythme peut être présenté et joué avec l’enfant, en suivant du doigt la longueur du jeton (qui donne la durée).
A partir du rythme ressenti, joué avec tout son corps, l’enfant développe sa psychomotricité fine, et en ajoutant les jeux de doigts, sa parole gagne en justesse et fluidité.